La famille Zonszajn

Rescapée de la Shoah, Jeannine Bouhanna (née Sebbane) décrit les évènements qui se sont produits dans son immeuble et dans son quartier lors de la rafle du Vél d'Hiv le 16 juillet 1942.
« Il a dit : "Nous cherchons les Zonszajn…. Loin de notre pensée qu'il allait arriver quelque chose de grave. »

Jeannine Bouhanna (née Sebbane), raconte qu'elle recevait par courrier des nouvelles de ses voisins déportés. Les membres de la famille Sebbane ne figuraient pas sur la liste des Juifs devant être arrêtés durant la rafle du Vél d'Hiv. Les voisins écrivirent aux Sebbane depuis le Vél d'Hiv et divers camps de la région du Loiret.

« chère famille Sebanne [sic]... Léon qui restait est parti aussi... je suis toujours avec ma petite sœur »

Les Zonszajn sont des immigrants polonais originaires de Siedlce qui ont déménagé à Paris et se sont installés dans le quartier juif du 4ème arrondissement. Ils habitent au 43, rue Vieille du Temple, sur le même palier que la famille Sebbane.

Le père, Szoma Zonszajn, est né le 28 juin 1906 à Siedlce. Il est arrêté avant la rafle du Vél' d'Hiv, incarcéré à Pithiviers et déporté à Auschwitz à bord du convoi numéro 4 le 26 juin 1942.

Sa femme, Sura Zonszajn (désignée dans les lettres de Rachel comme madame Zonszajn), est née le 23 mars 1904 à Siedlce. Elle est arrêtée avec ses enfants lors de la rafle du Vél' d'Hiv. Ils sont détenus au Vélodrome d'hiver avec leurs voisins, les Polakiewicz puis transférés à Pithiviers. Le 3 août 1942, Sura est séparée de ses enfants et déportée avec les Polakiewicz, à bord du convoi numéro 14, à Auschwitz, où elle est assassinée.

Jacques (Jackie) Zonszajn, né le 16 février 1932 à Siedlce, et sa petite sœur de 3 ans, Liliane Zonszajn (désignée dans les lettres de Rachel comme Liliane : « … si vous pouvez trouver des petits gâteaux pour Liliane »), née le 10 août 1939 à Paris, se retrouvent seuls à Pithiviers après la déportation de leur mère et de leurs voisins, les Polakiewicz et les Wartski : « Maman, Madame Wartski sont envoyé [sic] dans une destination inconnue, de même que Madame Polaquewitz [sic] et sa famille ».

Jackie, 10 ans, est un garçon poli et mûr. Il écrit à la famille Sebbane une dernière lettre dans laquelle il décrit son calvaire, fournissant ce faisant un rare témoignage écrit. Jeannine Bouhanna (née Sebbane) évoque dans son témoignage la façon dont Jackie décrit dans cette lettre l'immense détresse de Liliane suite à la séparation avec leur mère et son incapacité à la réconforter. Jackie est finalement déporté avec sa sœur le 19 août 1942 à bord du convoi numéro 21, entouré d'étrangers. Ils seront tous deux assassinés à Auschwitz cinq jours plus tard, le 24 août.

Szoma Zonszajn ayant passé la sélection plus tôt ce même été, a déjà été enregistré comme prisonnier à Auschwitz. Il passe une partie de son séjour à travailler au block 21 (chirurgie). Il survivra deux ans et demi à Auschwitz. Le 18 janvier 1945, neuf jours avant la libération d'Auschwitz, il est contraint d'entreprendre une marche de la mort vers Gross-Rosen avec 50 000 autres prisonniers. Les conditions épouvantables qu'il devra endurer lors de celle-ci lui seront fatales et il succombera à Buchenwald le 20 février 1945, victime d'une gelure et d'une septicémie.