La famille Sebbane

« alors maman ne te fais pas de mauvais sang, mon moral est parfait je suis jeune et assez fort »

La famille Sebbane est originaire de Nemours en Algérie. Les Sebbane déménagent à Paris en 1938 en quête d'un avenir meilleur. Ils s'installent dans le 4ème arrondissement au 43, rue Vieille du Temple.

Jacob Sebbane, né le 18 août 1882 à Nedroma, en Algérie, est menuisier. Il est veuf et père de deux fils, Albert et Prosper. Le 26 octobre 1921, il épouse Rahma (née le 12 juin 1897 à Nedroma en Algérie). Six enfants  naîtront de leur union : Odette, Maurice, Marcelle, Jeannine, Georges et Eli.

Jacob meurt de maladie le 2 novembre 1941. Son fils Prosper, prisonnier de guerre, tombe malade et meurt à son tour en 1942.

Rahma Sebbane (madame Sebbane) se retrouve seule à Paris avec six enfants à charge, au plus fort de la guerre. Odette et Maurice descendent à Marseille à la recherche d'un bateau pouvant les ramener dans leur Algérie natale, sans succès.

Le jour de la rafle du Vél' d'Hiv, les Sebbane ont la chance de ne pas figurer sur les listes d'arrestation, peut-être du fait de leur origine algérienne française. Ils sont témoins de l'arrestation de leurs voisins et amis (les familles Polakiewicz et Zonszajn, etc.) et du chaos général qui règne dans les rues du quartier. Leurs voisins leur confient les clés de leurs appartements et écrivent à Rahma Sebbane, racontant leur calvaire et lui demandant de l'aide, parce qu’il ne leur reste personne d'autre à qui écrire.

Dans un premier temps, les Sebbane restent à Paris et cachent même d'autres Juifs dans leur immeuble, mais cela devient vite dangereux et Rahma Sebbane envoie certains de ses enfants se cacher dans l'Ardèche chez des fermiers de la région.

A Marseille, Odette Sebbane rencontre André Houvenagel, un riche entrepreneur non juif. Ils tombent amoureux et se marient. Pendant ce temps, son frère Maurice retourne à Paris pour aider sa mère et trouve un emploi dans un atelier de maroquinerie. Au début de l’année 1943, Maurice est arrêté à Paris, envoyé à Drancy et déporté à Sobibor.

Le 13 avril 1944, Odette met au monde une fille prénommée Chantal à Marseille et Rahma Sebbane vient de Paris pour aider sa fille. Rahma, Odette et Chantal sont dénoncées et menacées de déportation. André Houvenagel, le mari d'Odette, est contraint de soudoyer copieusement un fonctionnaire allemand pour leur sauver la vie. Suite à cet incident, la famille Sebbane s'installe dans un appartement loué pour elle par André, près de la maison d'André et d'Odette à Vertout. Elle y passera le reste de la guerre.

Après la guerre, la famille retourne à Paris, où Rahma consacre un temps et des efforts considérables à essayer de retrouver son fils Maurice bien-aimé, qui a disparu sans laisser de traces après sa déportation à Sobibor. Il est le seul membre de la famille Sebbane à ne pas avoir survécu à la Shoah.