« Madame Sebban [sic], si vous pouvez nous envoyer quelque chose, vous serez bien gentille »
Les Polakiewicz sont des immigrants polonais originaires de Siedlce qui ont déménagé à Paris et se sont établis dans le quartier juif du 4ème arrondissement. Ils vivent au 43, rue Vieille du Temple, juste en dessous de la famille Sebbane. Ils travaillent comme fourreurs.
Les Polakiewicz et les Sebbane sont très liés, leurs enfants étant à peu près du même âge. Ils prennent souvent leurs repas ensemble et sont comme une seule et même famille. Le 16 juillet 1942, quand la police vient arrêter les Polakiewicz, ce sont les Sebbane qui descendent avec eux. La police s'en va, promettant de revenir dans les heures qui suivent. Les enfants Polakiewicz commencent à s'enfuir, avant de revenir d’eux-mêmes, incapables de se séparer de leurs parents et pensant qu’il est plus judicieux de se soumettre aux autorités que de se cacher.
16 juillet 1942. Une fois au Vél' d'Hiv, Rachel Polakiewicz écrit des lettres désespérées à la famille Sebbane, son seul contact avec le monde extérieur. Etant âgée de 20 ans, Rachel assume un rôle de leader et s'inquiète pour ses proches (les Zonszajn ainsi que d'autres amis et membres de sa famille). Elle demande à madame Sebbane de la nourriture et continue à coordonner la réalisation des commandes de travaux de fourrure en attente. On ignore comment les lettres en provenance du Vél' d'Hiv et de la gare d'Austerlitz sont parvenues à madame Sebbane.
Le père, David Polakiewicz, naît en 1895 à Viamenice, en Pologne. Il est le premier à être déporté de Pithiviers le 31 juillet 1942 (convoi n°13) à Auschwitz, où il est assassiné. Sa femme, Fejga Polakiewicz, naît en 1892 à Sarnaki, en Pologne. Elle est déportée avec sa fille Rachel (née le 10 mars 1922 à Sarnaki) et son fils Froïm (Erwin, né le 11 janvier 1926), le 3 août, à bord du convoi n°14, à Auschwitz où ils sont assassinés. Léon (Szmul, né le 5 décembre 1928 à Siemiatyce), le plus jeune fils, demeure sur place car il n’a que 14 ans – seuls les jeunes âgés de plus de 16 ans étaient alors déportés. Léon sera le dernier membre de la famille Polakiewicz à être déporté, à bord du convoi n°16, le 7 août 1942. Dans sa lettre, Jackie Zonszajn évoque la déportation de son ami : « Léon qui restait est parti aussi ».