25 mars 1943

Sobibor

« je suis jeune et assez fort, je reviendrai… »

La famille Sebbane comptait 7 membres à la veille du 16 juillet 1942. Tous survivront, à l'exception du fils aîné, Maurice Sebbane.

Maurice naît le 1er juillet 1924 à Nemours, en Algérie. Il est arrêté par la police à Paris au début de l’année 1943 et déporté à bord du convoi n°53 au départ de Drancy et à destination du camp d'extermination de Sobibor, le 25 mars 1943.

La veille de sa déportation, il écrit une dernière carte postale de Drancy (retranscrite au bas de cette page).

Dix des hommes du convoi seront sélectionnés pour entrer au camp de Sobibor. Il est tout à fait possible que grâce à ses compétences dans le domaine de la maroquinerie, Maurice ait été sélectionné pour travailler dans un des ateliers du camp. Un survivant de Sobibor, Dov Freiberg, se souvient avoir vu un jeune homme français à Sobibor à cette époque :

« L'un de nous, un garçon qui venait de France, que nous appelions "le Français" et qui, malgré les conditions de vie du camp, avait l'air élégant et semblait être un type sympa, se lia rapidement d'amitié avec une chanteuse. On les appelait les amants. Un jour, durant l'appel du soir, Wagner demanda au "Français" de s'avancer et il y eut entre eux un échange houleux. À l'issue de celui-ci, Wagner ordonna au Français de le suivre, de toute évidence pour le tuer. La chanteuse bondit alors de côté, courut droit vers Wagner et lui dit : "Si vous le prenez, je veux venir avec lui !". Wagner les emmena tous les deux. Ils moururent ensemble comme des amants. »

Après la guerre, Rahma, la mère de Maurice (madame Sebbane) ne ménagera pas ses efforts pour retrouver son fils, mais en vain. Après sa déportation à Sobibor, il disparaît sans laisser de traces.

Sa fille, Jeannine Sebbane, raconte que jusqu'à la fin de ses jours, sa mère, décédée en 1992, conserva l'espoir que Maurice, son fils bien-aimé, viendrait un jour frapper à la porte.

Lettre de Maurice Sebbane : 24 mars 1943, Drancy

Drancy 24/3/1943
Bons baisers aux petits frères

Ma petite maman chérie

Quelques mots pour te mettre au courant de ma situation et pour te donner de mes nouvelles qui sont très bonnes.

Je te prie d’arrêter l’envoi des colis car je pars. Je ne connais pas la destination.

Je n’ai pas encore reçu mon premier colis, alors maman ne te fais pas de mauvais sang, mon moral est parfait je suis jeune et assez fort, je reviendrai. Bien du courage et au revoir.

Reçois de ton fils des baisers affectueux. Bons baisers à tous les amis et amies.

Maurice

Lettre de Maurice Sebbane : 24 mars 1943, Drancy
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