Maisons d'enfants en France durant la Shoah

Maison D'Izieu

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« Pour le crime d'Izieu, pour ce crime, il n'y a ni pardon ni oubli »
Sabine Zlatin

En novembre 1942, l'Allemagne nazie occupe la plupart des régions gouvernées par le régime de Vichy. Les Italiens occupent alors huit départements à l'Est du Rhône. En avril 1943, une maison d'enfants qui servira de refuge à des dizaines d'enfants, est établie dans le village d'Izieu, situé dans la zone italienne autrefois contrôlée par Vichy. L'établissement, qui fait partie du réseau d'abris clandestins de l'OSE, est dirigé par Sabine Zlatin, une infirmière juive membre de l'OSE. Certains des enfants qui vivent là sont Français, d'autres viennent de Belgique, d'Autriche, d'Algérie, d'Allemagne et de Pologne. Certains viennent d'autres maisons d'enfants françaises.

Marcel Teitelbaum, qui n'a que trois ans lors de son arrivée à Izieu, n’a pas oublié la séparation d'avec sa mère :
« Je me souviens que ma mère me laissa là [à Izieu] et que j'étais très anxieux d'être ainsi abandonné... je cherchai ma mère et dévalai les escaliers en courant derrière elle, jusque dans la rue... »

En septembre 1943, les Italiens ayant capitulé face aux Alliés, les Allemands occupent la région de Nice, dans le sud de la France, jusqu'alors contrôlée par l'Italie et commencent à y traquer les Juifs. Un mois plus tard environ, les Allemands effectuent une descente dans une maison d'enfants proche de Marseille et envoient ses occupants à Drancy. La nouvelle de cette descente se propage jusqu'aux autres maisons d'enfants du sud de la France, contribuant à accroître le sentiment d'insécurité. Les directeurs de l'OSE prennent la décision d'évacuer les enfants et de fermer progressivement les maisons d'enfants. Le réseau de sauvetage Georges Garel prend finalement la responsabilité de la majorité des enfants, dont certains sont conduits clandestinement jusqu'en Suisse.

La maison d'enfants d'Izieu est située à l'écart et n'attire pas l'attention mais la décision est prise d'évacuer les enfants qui y sont cachés. Le 3 avril 1944, Sabine Zlatin part pour Montpellier en quête d'abris pour les enfants qui lui ont été confiés.

Le matin du 6 avril 1944, les membres de la Gestapo de Lyon, informés par un indicateur, effectuent une descente dans la maison d'enfants d'Izieu et arrêtent tous ceux qui s'y trouvent. 44 enfants âgés de 4 à 17 ans ainsi que sept membres du personnel qui veillaient sur eux, sont incarcérés dans une prison lyonnaise et déportés à Drancy le lendemain. L'ordre de déportation est donné par Klaus Barbie, qui dirige la Gestapo à Lyon. Barbie signale l'arrestation des enfants et des adultes de la maison d'enfants dans un télégramme qu'il fait envoyer à Paris. Au cours de la détention des enfants à Lyon, les Allemands découvrent où se trouvent certains des membres de leurs familles, qui sont également emmenés à Drancy puis déportés à Auschwitz où ils périront.

Au cours de la descente à Izieu, Leon Reifman, un étudiant en médecine qui prenait soin des enfants malades, parvient à s'enfuir et à se cacher dans une ferme voisine. Sa sœur, Sarah Lavan-Reifman, qui était le médecin de la maison, ses parents, Eva et Moisz-Moshe et son neveu, Claude Lavan-Reifman, vivaient aussi dans l'établissement. Ils seront tous assassinés à Auschwitz. Le 15 mai, Miron Zlatin, le mari de Sabine Zlatin, qui dirigeait l'établissement avec elle, est déporté en Estonie avec deux des garçons les plus âgés de la maison d'enfants. Ils y seront tous trois exécutés.

A la fin du mois de juin 1944, tous les enfants et adultes arrêtés à Izieu ont été déportés de Drancy. La plupart, tous les enfants et cinq des adultes, ont été envoyés à Auschwitz. Parmi eux, se trouve Sarah Lavan-Reifman qui refusera de se séparer de son fils Claude et sera gazée avec lui.

Léa Feldblum, l'une des monitrices, qui avait en sa possession des faux papiers qui lui auraient permis d'échapper à la déportation à Auschwitz, choisit de dévoiler sa véritable identité à Drancy, afin de rester avec les enfants. Elle survivra à Auschwitz et émigrera en Terre d'Israël en 1946.

En 1987, Klaus Barbie comparut devant la justice française et fut reconnu coupable de crimes contre l'humanité et condamné à la réclusion à perpétuité. Entendue comme témoin au procès, Laja Feldblum-Klepten déclara :

« Il est de mon devoir de témoigner contre Klaus Barbie au nom de mes 44 enfants, assassinés à Auschwitz, car ils apparaissent chaque soir devant mes yeux. »