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Yad Vashem déplore la disparition d'un ami très cher Maxi Librati

26/03/2019

Yad Vashem a appris avec une immense tristesse le décès de Maxi Librati, rescapé de la Shoah et soutien inconditionnel de notre institution. L'enterrement a eu lieu dimanche 24 mars, au cimetière Nahalat Ytzhak de Tel-Aviv. Yad Vashem a été représenté par son président Avner Shalev, sa directrice générale Dorit Novak, et son directeur des Relations internationales, Shaya Ben Yehouda. Ci-dessous, l'hommage rendu par Miry Gross, directrice du Bureau des pays francophones, également venue accompagner Maxi Librati jusqu'à sa dernière demeure.

Je voudrais vous parler de ce jeune homme de 18 ans, Maxi Librati. Nous sommes en avril 1943, à Lyon. Maxi est arrêté, transféré à Drancy, puis déporté à Auschwitz.

« Surtout ne vous faites pas de mauvais sang pour moi, chers parents, car vous pouvez, je vous assure, avoir confiance en votre fils Mardoché… »

Tels sont les derniers mots que Maxi réussira à faire parvenir à ses parents avant de plonger dans l’enfer d’Auschwitz. Arrivé au camp le 5 septembre, il sera ensuite envoyé à Varsovie dans le cadre du commando chargé de nettoyer les ruines du ghetto.

Surmontant la maladie, la famine, les humiliations, les coups, il réussira à survivre. Viendront ensuite la Marche de la mort et l’arrivée à Dachau. Puis, la libération. Rapatrié le 22 mai 1945, Maxi retrouve toute sa famille, épargnée grâce à George Amblard, plus tard reconnu Juste parmi les Nations par Yad Vashem.

Depuis, Maxi n'a eu de cesse de raconter Auschwitz et la déportation. Témoigner, revenir sur les traces de son passé, pour transmettre et enseigner. A Yad Vashem, il s'est toujours tenu à nos côtés, au service de la mémoire et de la transmission pour les jeunes générations.

Cet homme qui avait choisi la vie nous a donné une magnifique leçon d’humanité, faite de simplicité et de pudeur. Qu'il ait été serrurier-forgeron, vendeur de tissus, styliste, créateur de mode qui a lancé ses marques La Gaminerie et Maxi Librati, footballeur au Maccabi ou mécène, c'est d’abord sa fidélité envers ses proches et ses amis qui le caractérise.

Maxi est aussi un exemple personnel. Il a toujours su trouver la force de surmonter les épreuves, sans se plaindre, sans renoncer, sachant déceler le positif dans chaque situation. Une qualité qui lui a sauvé la vie pendant la guerre, et lui a aussi permis, par la suite, de mener une vie personnelle et professionnelle épanouie.

Autre leçon que nous pouvons tirer de Maxi, celle qui place l’amitié, la fidélité, l’amour de son peuple et d’Israël, au-dessus de tout. Revenu des camps, il n’a jamais oublié ceux qui y étaient restés, et s'est toujours employé à honorer leur mémoire.

Quand, il y a un peu plus de vingt ans, Yad Vashem a jeté les fondations d'un projet directeur pour relever le défi de la transmission, au tournant du 21e siècle, nous avons trouvé en Maxi Librati l'un de nos soutiens les plus fidèles et les plus enthousiastes. D'abord pour ce grand projet de la Vallée des Communautés, non seulement un mémorial érigé en l'honneur des communautés juives décimées par la Shoah, mais aussi une opportunité de créer, partout dans le monde, des comités d'amis de Yad Vashem. Maxi nous a également accompagnés dans toutes les étapes du développement de Yad Vashem. C'est à lui que l'on doit la salle du Nouveau Musée d'histoire de la Shoah consacrée à la "Solution finale". Toujours soucieux de s'adresser aux plus jeunes, il a soutenu des programmes pédagogiques conçus par Yad Vashem, et dédié aux membres de sa famille les lieux de recueillement et de cérémonie qui entourent l'Ecole internationale pour l'enseignement de la Shoah : la "Place des enfants sans enfance", la "Place Janusz Korczak", le "Jardin et le panorama" qui surplombent Jérusalem et relatent le parcours des familles Librati et Touitou.

Là, dans ce jardin, on comprend combien Maxi était reconnaissant envers sa "bonne étoile", celle qui l'a sauvé de la Shoah, et à laquelle il doit son engagement pour honorer la mémoire des disparus et servir d'exemple aux jeunes générations.

Les mots manquent pour traduire la force, l'optimisme, la générosité et tout ce qui fait de lui un être exceptionnel aux yeux de tant de monde.

Aujourd'hui, alors que nous lui rendons un dernier hommage, je ressens plus fort encore cette impuissance des mots, comme si je cherchais vainement à intensifier la lumière du soleil au moyen d'une faible bougie.
Adieu mon Cher Maxi, repose en paix. Tu nous laisses un grand vide, mais tu rayonneras toujours dans mes souvenirs.

L'équipe de Yad Vashem et celle du Comité français pour Yad Vashem est profondément attristée par le décès de Maxi Mardochée Librati et tient à exprimer toute sa sympathie et ses plus sincères condoléances à ses enfants, Patricia et Willie Fazel, Thierry Librati, ses petits-enfants et arrière-petits enfants et à toute leur famille.

Que l'œuvre de mémoire et d'éducation au service de la tolérance accomplie tout au long de sa vie soit un réconfort pour ses proches et un exemple pour les jeunes générations.