Informations générales
Horaires :

Dimanche-jeudi 08h30-17h00
Vendredi et veilles de fêtes 08h30-14h00
Shabbat et jours fériés - Fermé.

Plus d'informations en amont de la visite

Se rendre à Yad Vashem :

Décès de Nicolas Roth : un témoin de la Shoah vient de s’éteindre

22/09/2020

Nicolas Roth, ancien trésorier du Comité français et généreux soutien de Yad Vashem s’est éteint dans la nuit du jeudi 17 septembre, à la veille de la Nouvelle Année juive. Rescapé de la Shoah, il a fait partie de ces 440 000 Juifs déportés de Hongrie en 1944, en moins de 2 mois. Envoyé à Auschwitz-Birkenau, Nicolas Roth parvient à survivre malgré le travail harassant qu’il subit. Lors de l’évacuation du camp, il est contraint à une "marche de la mort" avant d’être transféré au camp de Dachau, d’où il sera libéré en avril 1945. Ce parcours à travers l’horreur, il l’avait raconté dans un récit poignant, Avoir 16 ans à Auschwitz : un texte d’une grande lucidité et d’une profonde sensibilité, celui d’un homme à la mémoire exceptionnelle. Son ouvrage était aussi l’occasion d’un témoignage foisonnant sur le destin de la communauté juive hongroise de Debrecen.

Le 5 décembre 1945, après la Shoah, Nicolas Roth se retrouve en Italie. Son frère aîné s’adresse alors aux autorités compétentes pour qu’elles délivrent un visa qui permettra à Nicolas de le rejoindre à Paris. Il s’exprime en ces termes : « Monsieur le ministre, je me permets d’attirer votre attention sur le cas de mon frère, Nicolas Roth, seul survivant de ma famille. Ex-déporté à Dachau, âgé seulement de 18 ans, il erre à travers tout pays pour trouver un repos bien mérité. Se trouvant actuellement dans je ne sais quel camp du côté de Rome, me demandant instamment des vêtements chauds, il vit dans des conditions plutôt inquiétantes. Moi-même, je suis Français naturalisé, commerçant à Paris, ayant fait mon devoir de Français pendant la guerre, ensuite prisonnier, puis évadé pendant l'Occupation, je me permets de vous suggérer qu'un gars de 18 ans ne peut qu'être utile pour la France. Espérant qu'après ma requête, vous donnerez votre avis favorable, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, ma haute considération. Imre Roth. »

Nicolas Roth, en réalité, n’a pas encore 18 ans, mais il obtiendra un visa de l’ambassade française grâce à un passeport provisoire suédois délivré à Rome. A l’époque, la Hongrie, pays de l’Axe, n’a pas encore de représentation officielle – c’est la Suède qui la représente sur la scène diplomatique.

Par la suite, Nicolas Roth deviendra une figure emblématique du Comité français pour Yad Vashem. Pendant plus de 20 ans, il a œuvré à recueillir des Feuilles de témoignages (Daf-Ed) et à retrouver les noms jusqu’ici non identifiés de Juifs exterminés pendant la Shoah. Trésorier du Comité français, il a été conscient des besoins de l'institution à Jérusalem qu'il a tenu à soutenir également à titre personnel.

Vigilant aux dérives fascistes et antisémites qu’il n’hésitait pas à dénoncer, Nicolas Roth a consacré l’essentiel de sa vie à la mémoire de la Shoah. Parmi ses dernières satisfactions, un livre sur la Shoah, écrit en yiddish par un auteur d’Amérique du Sud, reçu en cadeau de la part de sa petite-fille, elle-même déjà mère de famille : "cela me prouve qu’elle a compris mon message et saura reprendre le flambeau".

La disparition de Nicolas Roth attriste profondément les équipes de Yad Vashem à Jérusalem et à Paris, qui adressent leurs condoléances et toute leur sympathie à sa famille et ses proches endeuillés.