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Se rendre à Yad Vashem :

Régine Beaujouan, France

Régine Beaujouan, professeur d'histoire/géographie, collège Georges Brassens, Rennes (France), a participé au séminaire « Comment enseigner la Shoah », en avril 2013, à l’École internationale pour l'enseignement de la Shoah, à Yad Vashem, Jérusalem. Elle participe régulièrement au Concours national de la Résistance et de la Déportation.

Projet réalisé durant l'année scolaire 2013-2014 (décembre et janvier) avec des classes de 3e.

Suite au séminaire effectué en avril 2013, à Yad Vashem, j'ai décidé d'aborder la Shoah à partir du livre « Regards d'enfants », de I.B.Tatelbaum.
Ce livre présente la Shoah à partir de l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, à la mise en application de l'idéologie nazie. Il y a 12 unités d'études, compilées suivant un ordre chronologique. Cet ouvrage rassemble des extraits de journaux intimes d'enfants, des témoignages de survivants originaires des divers pays d'Europe où les faits se sont déroulés. C'est un ouvrage adapté aux élèves de 12 à 15 ans.
Chaque unité est consacrée à un thème spécifique de l'histoire de la Shoah, et chaque thème permet de soulever un certain nombre de questions. Les unités présentent aussi bien un aperçu général qu'une analyse approfondie du processus tel qu'il avait été enclenché au cours des années 30 jusqu'à 1945.
« Regards d'enfants » traite uniquement de la Shoah telle qu'elle a été perçue par les regards d'enfants âgés de 10 à 17 ans. L'âge des élèves de 3e est de 14-15 ans, donc le même âge que ces témoins victimes des persécutions. Plus d'un million d'enfants juifs de moins de 15 ans ont été assassinés en Europe durant l'Anéantissement.

Travailler avec « Regards d'enfants » m'a permis d'aborder la Shoah du point de vue des enfants, des adolescents. Le but est de faire sentir et de ressentir. Connaître leur vie quotidienne, une vie ordinaire qui va basculer. L'ouvrage révèle ce que ces enfants ont ressenti et retransmis à travers leurs poèmes, leurs journaux intimes et leurs témoignages. Cela permet aux élèves de se rapprocher d'eux. C'est la méconnaissance et l'ignorance des modes de vie des autres qui conduit à une crainte qui se transforme en rejet et en haine parfois. « Regards d'enfants » permet aux élèves de réfléchir sur les questions de l'antisémitisme, de l'intolérance et du racisme dans une société démocratique.

Enseigner la Shoah permet d'assurer le devoir de mémoire à travers le savoir historique et la connaissance précise de son histoire. En plus de la dimension historique, cet enseignement possède une dimension civique offrant aux élèves des éléments de réflexion et de culture afin de pouvoir refuser, demain, toutes formes de racisme et de discrimination. La finalité de l'enseignement de l'histoire n'est pas morale, elle est civique. La défense des valeurs démocratiques des droits de l'homme concerne tout enseignement de l'histoire.

« Enseigner la Shoah est une mission pédagogique exaltante et féconde, qui s'inscrit dans une démarche résolument citoyenne. »
Serge Klarsfeld

Le souvenir est aussi un garde-fou pour l'avenir. C'est de la haine, des préjugés et de l'antisémitisme qu'est née l'horreur des camps nazis.

Les élèves de 3e avec qui j'ai travaillé avaient assisté à une conférence, le 12 décembre 2013, sur les génocides du XXe siècle, avec M. Bernard Bruneteau, universitaire-chercheur, politologue à Rennes 1'ancien professeur d'histoire contemporaine à Grenoble, auteur de livres spécialisés dans les persécutions dont « Le siècle des génocides ».
Les travaux réalisés à partir de « Regards d'enfants » faisaient suite au cours sur le régime nazi. Les élèves avaient ainsi un certain nombre de connaissances sur la politique raciale, antisémite de l'Allemagne.

La méthodologie :
  • le travail a été réalisé au CDI, avec l'aide de mes collègues documentalistes que je remercie chaleureusement ;
  • les groupes étaient composés de deux voir trois élèves par unité d'études ;
  • chaque groupe devait prendre le temps de découvrir les documents liés et répondre aux questions de réflexion guidant leur lecture ;
  • une fois ce travail de découverte réalisé, les élèves approfondissaient les thèmes à l'aide de livres spécialisés (un grand nombre avait été acheté lorsque j'avais travaillé sur le thème « les enfants et adolescents dans les camps », pour le CNRD), en allant aussi sur des sites internet ;
  • l'objectif étant de réaliser un panneau présentant le thème étudié et de préparer un oral devant la classe, avec l'aide d'un diaporama si le groupe le désirait ;
  • lors des séances de recherches au CDI, les élèves ont fait preuve de beaucoup de curiosité et de sérieux quant à la qualité du travail demandé. Certains thèmes étaient très difficiles, les atrocités commises d'une telle ampleur ! Les questions étaient multiples, les élèves ayant besoin d'exprimer, de partager leurs émotions. Cela concernait des jeunes de leur âge dont beaucoup n'ont pas survécu. Et cela les a beaucoup touché ;
  • avec l'aide de mes collègues documentalistes, très sensibilisés par le sujet, nous avons essayé de les guider dans leurs recherches et dans leur réflexion. Beaucoup de documents sont accessibles et les élèves ont du mal à trier, à aller à l'essentiel. Mais comment aller à l'essentiel lorsqu'il y a tant à dire. Un tel travail ne peut représenter qu'un aperçu de ce que l'on peut dire sur chaque thème ;
  • ce travail a été l'occasion de nombreux échanges avec les élèves. Besoin de préciser, d'expliquer un certain nombre de points. Le fait d'étudier la Shoah à travers le quotidien et l'intimité de ces enfants, les explications d'ordre historique, est une expérience riche humainement. C'est une belle leçon de vie et d'énergie ;
  • chaque groupe a présenté son travail de recherches, développant chaque thème étudié. Un groupe a fait un diaporama. La présentation orale a été l'occasion de nombreuses questions et de précisions.
  • les exemples particuliers de « Regards d'enfants » ont suscité chez les élèves le désir de connaître, de chercher à comprendre comment le processus d'anéantissement a été mis en place.

« L'émotion n'est pas à l'opposé du savoir, elle en est le nécessaire prélude. A partir de là, une demande d'études et de connaissances peut s'engager. »
H.Waysbord - Loing
I.P.G. Education nationale
Présidente de l'association de la Maison d'Izieu

C'est la 1ère fois que j'abordais la Shoah de cette façon, avec un travail collectif. Pertinence de l'approche proposée grâce au thème des enfants et de leurs témoignages. Relation à établir entre le cas particulier des enfants et sa signification, crime contre l'humanité. Le contexte historique prend forme au fil des faits présentés et des questions des élèves.

« Il est important de ne pas minimiser l'histoire des vies ordinaires. »
Yad Vashem

Ce travail réalisé collectivement a nécessité un certain nombre d’heures : quatre séances d’une heure chacune au C.D.I .

  • Les élèves découvrent « Regards d’enfants », lisent les témoignages et répondent aux questions liées au thème d’études. Ils ont un certain temps de découverte, mon rôle étant de passer dans chaque groupe pour bien préciser ce qui est attendu d’eux.
  • Une fois ce premier travail effectué, chaque groupe va s’informer et se documenter. Les termes employés, les références historiques doivent être précises, rigoureuses. Les élèves n’hésitant pas à demander de l’aide, et être épaulés dans leurs recherches par mes deux collègues documentalistes a été bien utile. Les questions sont, bien sûr, très nombreuses. Les ressources doivent être pertinentes, accessibles, rassemblées d’où un travail en amont effectué avec l’aide de mes collègues du C.D.I. : bibliographie, sitographie …. Les groupes doivent sélectionner des documents (photos, textes, informations diverses …) pour réaliser un travail écrit sous forme de panneaux où sera traité et développé le sujet d’études. Les difficultés étant souvent liées au choix du document, les sources étant multiples et on peut trouver des documents historiques avec d’autres (par exemple, photo de fiction). Il faut savoir guider les élèves, être attentif quant au choix du ou des documents.
  • Des témoignages de « Regards d’enfants » ont été repris dans quelques travaux. Les élèves étaient libres de les réutiliser.
  • Ils avaient aussi à préparer un oral de présentation durant ces séances, en partant du thème traité et en développant certains aspects. Tout ne pouvant pas être dit sur le panneau. L’oral durant environ quinze minutes, entre la présentation du sujet et les différentes précisions. Certains ont préparé un diaporama. Il faut prévoir aussi dans ce temps les réponses aux questions posées par les autres élèves de la classe. Mon rôle étant de préciser les faits et d’apporter des réponses. Cela fait environ trois heures supplémentaires.