En l'honneur de la nouvelle année

En provenance des collections de Yad Vashem

Sonnerie du chofar dans le ghetto de Theresienstadt

Chofar d'Avraham Hellmann, qui fut utilisé lors des fêtes de Tichri à Theresienstadt
La famille Hellmann, Brno, Tchécoslovaquie, 1939. De gauche à droite : Avraham, Lilly, Max, Edith, Charlotte

Avraham-Adolf et Charlotte Hellman furent déportés à Theresienstadt le 2 décembre 1941 avec leur fille Lilly. Leur fils aîné et leur autre fille avaient réussi à quitter le pays et à s’installer en Eretz Israel.

À Theresienstadt, une administration juive interne réussit à maintenir l’ordre malgré l’étroite supervision des nazis. La machine de propagande nazie exploita le bon fonctionnement de ce ghetto bien tenu en le présentant comme un modèle pour la relocalisation des Juifs, et s'en servit ce faisant pour camoufler la politique nazie de meurtre de masse.

Dès son arrivée à Theresienstadt, Avraham Hellmann s’engagea au service de la communauté, comme il l’avait fait avant la guerre. Il servit comme chantre aux offices de la synagogue de Sudetenkaserne et la communauté utilisa le shofar qu’il avait emporté avec lui.

Le témoignage de Charlotte Hellman comprend un émouvant récit des prières de Kol Nidre dirigées par Avraham Hellmann la veille de la fête de Yom Kippour 1944 alors qu'il attendait sur un quai, avec deux mille autres hommes, le convoi qui devait les transporter à Auschwitz – pour ce qui allait être le dernier voyage de la plupart d’entre eux. Le chantre Asher Berlinger faisait également partie des déportés.

« C’était le soir de Kol Nidre. Mon mari dit : “Le moment de prier est venu”. Il empila deux valises l’une sur l’autre et les recouvrit d’un talit (châle de prière) ; il se mit debout avec Levin et son fils, de Komotau en Bohême et tous trois se couvrirent la tête de leurs châles de prière et lorsque mon mari commença à prier à voix haute, un cri plein d’amertume s’éleva de la gorge de tous ceux qui étaient présents, hommes et femmes. Impossible pour quiconque n’y a pas assisté d’imaginer cette scène. Il faut comprendre que la plupart des Juifs tchèques n’étaient pas religieux… Tout cela se poursuivit jusqu’au lendemain – Yom Kippour… pendant deux jours, sans sommeil. Les gens étaient assis sur leurs valises. Pendant Yom Kippour, quiconque le souhaitait se joignait à ceux qui priaient. Mon mari chanta le « U’Netane Tokef » et un vieil homme, apparemment un rabbin venu de Slovaquie, ôta ses chaussures et d’une voix remplie de crainte récita le Vidui (confession)...
Les femmes retournèrent dans leurs chambres mais ne purent trouver le sommeil. Nous attendions le signal du départ du train. À 6 heures du matin, nous entendîmes le train siffler. »

Le 28 septembre 1944, Avraham Hellmann fut déporté de Theresienstadt à Auschwitz, où il fut assassiné. Après sa déportation, Charlotte conserva ses affaires personnelles et notamment le chofar qu’il avait apporté à Theresienstadt et qui avait servi à la communauté juive dans le ghetto.

Collection d'objets de Yad Vashem
Don de Charlotte Hellmann-Lederer, Tel Aviv