En l'honneur de la nouvelle année

En provenance des collections de Yad Vashem

Sermon prononcé par Livia Koralek la veille de Yom Kippour

Fragments désintégrés du sermon prononcé par Livia Koralek à l'occasion de Yom Kippour dans le camp de concentration de Parschnitz
Le sermon prononcé par Livia Koralek à l'occasion de Yom Kippour dans le camp de concentration de Parschnitz
Livia (deuxième à partir de la droite) et ses élèves, Csorna (Sopron), Hongrie, 1943

La veille de Yom Kippour 1944, Livia Koralek prononça un sermon devant les femmes du camp de Parschnitz. Elle les encouragea à se donner les unes aux autres quelque chose qui perdure à jamais et qui ne connaît pas de fin — l'amour.

« Je demande à Dieu, en notre nom à toutes, de nous pardonner les offenses que nous avons commises envers nos parents, nos proches, nos frères et sœurs et nos amis. Nous demandons à Dieu de nous pardonner au nom de ceux qui nous sont chers car nous sommes loin d'eux et ne pouvons pas leur demander pardon. Je me souviens que notre rabbin, dans la ville de Gyor, nous a rassemblés avant sa déportation à Auschwitz et nous a dit, entre autres choses : "Ce n'est pas le lieu qui sanctifie l'homme mais l'homme qui sanctifie le lieu. En ce jour saint, nous sommes mis à l'épreuve. Nous devons observer le commandement : Tu ne voleras pas. Chacun de nous reçoit une maigre ration et doit s'en contenter. Je sens que Dieu entendra nos prières, qu'il essuiera les larmes de nos yeux et qu'il nous répondra avec les mots de la prière de l'office : Je vous ai pardonné." »

(Extrait du sermon prononcé par Livia Koralek)

Née en 1921 à Gyor en Hongrie, Livia fut déportée à Auschwitz en juin 1944 et transférée en août au camp de Parschnitz (Sudetenland), où elle travail dans une usine de fabrication de pièces d'aéronefs. Elle prononça ce sermon à la demande de ses amies. « Je ne voulais pas être Kapo ; je ne voulais pas être une meneuse. Il n'y en avait pas besoin. Je voulais seulement prodiguer des encouragements. » Les femmes ne mangèrent pas le pain qu'elles reçurent le jour de Yom Kippour ; au lieu de cela, elles le gardèrent sous leurs oreillers. Le jour de Pessah, les femmes essayèrent d'organiser un Seder mais les Allemands y mirent fin. Livia s'abstint de manger du pain cette semaine-là. Après la guerre, Livia épousa Aladar (Jehuda) Spiegel et émigra en Israël avec sa famille.

Collection d'objets de Yad Vashem
Don de Chana (Livia Koralek) Spiegel, Bnei Brak, Israël