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Se rendre à Yad Vashem :

Deux ecclésiastiques et un diplomate français reconnus Justes parmi les Nations à titre posthume

21/10/2021

Yad Vashem vient de rendre hommage à titre posthume à deux membres du clergé, le cardinal Eugène Tisserant et le recteur Monseigneur André Bouquin, ainsi qu’au diplomate François De Vial en leur décernant le titre de Justes parmi les Nations. Une cérémonie officielle sera organisée à une date ultérieure. 

Depuis sa création, Yad Vashem a remis quelque 28 000 médailles à des Justes parmi les Nations issus de plus de 50 pays, un chiffre qui ne cesse d’augmenter d’années en années. 

 

Les histoires de sauvetage 

Le cardinal Eugène Tisserant, premier Juste parmi les Nations de ce dossier, a commencé son allégeance avec le peuple juif à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, suite aux lois raciales promulguées en Italie, Guido Mendes est licencié de son poste de directeur d'un hôpital juif à Rome. Le cardinal Tisserant lui décerne alors une médaille d'honneur de la Congrégation des Églises orientales, au mépris manifeste du gouvernement. Il œuvrera par la suite pour fournir des visas d'immigration à la famille Mendes. 

Il correspond également avec le cardinal Maglione, secrétaire d'État du Vatican, pour tenter d'obtenir un visa pour le Brésil au rabbin Nathan Cassuto. En outre, il aidera Giorgio Levi Della Vida à déménager aux États-Unis, où celui-ci deviendra professeur à l'Université de Pennsylvanie ; et le professeur Aron Friedman à trouver un emploi aux États-Unis en 1938. En 1939, Eugène Tisserant exprimera au docteur Jacob Hess sa solidarité contre la "persécution injuste" des Juifs. 

Dans les années 1930, Cesare Verona, un vendeur de machines à écrire Remington du nord de l'Italie, rencontre le cardinal Tisserant lors d'un voyage d'affaires aux États-Unis. Verona est marié à Eugénie Crémieux. Le couple a trois fils, Giorgio, Rino et Luciano, et une fille, Elena. Elena a épousé M. Bernstein de qui elle a une fille, Véra. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Cesare Verona sollicite l'aide de Tisserant, qui accepte de le cacher dans sa résidence privée avec une autre famille juive du nom de Letzt. Selon le témoignage de Véra, sa grand-mère Eugénie aurait été cachée dans un monastère du Vatican grâce au cardinal Tisserant. Dans une lettre d'après-guerre, Cesare Verona remercie le cardinal pour son aide "venue du ciel". 

Le cardinal Tisserant va également secourir Miron Lerner. Né en 1927 à Paris, de parents juifs originaires d'Odessa, Lerner et sa sœur aînée Rivka deviennent orphelins en 1937. En 1941, Rivka tente de faire passer Miron de son orphelinat parisien pour celui de Moissac, en zone libre. En chemin, ils se retrouvent, avec d'autres réfugiés juifs, dans un train parti de Saint-Gervais, pour l’Italie. Finalement, les Lerner se rendent à Rome, où Miron prend contact avec le père Pierre-Marie Benoît et des militants de Delasem, une organisation de secours juive, abritée dans le monastère des Capucins, en Sicile. Monseigneur Benoît aide Lerner jusqu'à ce que celui-ci ne soit découvert et s'échappe de Rome pour trouver refuge au monastère des Capucins. Là, le père Didier écrit à Eugène Tisserant au sujet de l’adolescent. Le cardinal le rencontre. Quand il apprend qu’il est juif, il lui répond : "Cela n'a pas d'importance. Que puis-je faire pour vous ?" Le jeune homme est alors confié à François De Vial. De Vial, secrétaire du représentant français au Vatican, cache Lerner quelques jours dans sa maison. Puis, le cardinal Tisserant récupère l’adolescent, le transportant dans sa voiture, allongé au sol, caché à ses pieds, pour le conduire dans un petit monastère du Vatican. Un mois plus tard, début 1944, le cardinal et le réfugié juif se rendent dans un couvent près de l'église Saint-Louis-des-Français, dirigé par Monseigneur André Bouquin. Lerner y restera - très probablement caché dans une auberge pour pèlerins attenante à l'église - jusqu'après la libération de Rome, à l'été 1944. Il racontera plus tard que le clergé masculin n’a pas cherché à le convertir, mais que "les nonnes étaient insupportables". 

Après la libération, Miron Lerner reste à Rome pendant un certain temps, avant de revenir à Paris, où il retrouve Rivka. En 1998, Lerner écrit sur les actes héroïques du cardinal Eugène Tisserant, et la façon dont l’ecclésiastique a sauvé la vie de nombreux Juifs, dont lui-même, pendant la Shoah.